Rugby à 7 : Titi Bosque veut couvrir Andorre de lauriers

25 avril 2024 à 16h03

Nouveau projet pour Titi Bosque. L'ancien capitaine de l'équipe de France de rugby à 7 a pris en main la modeste mais ambitieuse sélection féminine d'Andorre. Comment aborde-t-il cette expérience et quel regard porte-t-il sur l'engouement pour le 7 en France à l'approche des J.O. ?

Quelles sont les racines de cet engagement avec Andorre ?

J'étais en contact avec Andorre depuis pas mal de temps. Il y a quelques années, quand j'étais encore au RCA, ils m'avaient proposé de devenir DTN (directeur technique national) de la fédération, pour le XV et le 7, garçons et filles. Chose qui n'a pas pu se réaliser puisque j'ai fait le choix de rester au sein du RCA. Je suis resté un an en place au RCA avant de me faire remercier et quelqu'un d'autre avait pris le relais au sein de la Principauté. Là il y avait une attente un peu plus précise sur les filles donc j'ai été sollicité avec d'autres personnes pour m'occuper du 7 andorran.

Et pourquoi ces contacts avec cette petite fédération ?

Il faut savoir que les Jeux des Petits Etats, l'équivalent des Jeux Olympiques pour les petites nations seront en Andorre en 2025 (déjà remportés en 2023). C'est une fédération qui est très très active en basket, football, rugby, une nation qui se bouge énormément pour le sport en général. Il y a beaucoup de sportifs mondiaux en moto, de cyclistes professionnels en Andorre, une grosse culture sportive. L'intérêt par rapport à moi c'est sûrement mon expérience, mon vécu et mon C.V en tant qu'entraineur et joueur de rugby à 7. J'avais été entraineur de l'équipe de France développement pendant trois ans, plein de choses comme ça qui rentrent en ligne de compte et comme ils vont organiser ces Jeux des Petits Etats, ça a demandé de mettre l'accent sur ces disciplines.

L'équipe féminine andorrane à 7 s'est hissée en Trophy, le deuxième niveau européen, l'an dernier.

Il y a de quoi construire, des choses intéressantes, surtout des jeunes joueuses qui vont arriver. Au niveau du 7 féminin il y a une réelle ambition.

Les joueuses sont-elles toutes des citoyennes d'Andorre ?

On ne peut pas être nationalisé comme ça, soit tu es né en Andorre, soit tu as tes parents et tu justifies plus de trois ans sur le sol andorran. On ne peut pas faire ce qu'on veut donc essentiellement ce sont des joueuses andorranes. Après nous avons des joueuses qui jouent à l'étranger, en Angleterre, en France et en Andorre aussi.

Dans quelle langue se fait la communication ?

Catalan, mais beaucoup parlent français quand même.

Et au niveau des infrastructures ?

Vous connaissez très mal Andorre, il faut voir la qualité des infrastructures qu'il y a. C'est vraiment exceptionnel, de très bonnes conditions de travail, beaucoup de terrains synthétiques. Honnêtement il n'ont rien à enlever à nos structures. Enlevez-vous l'idée que c'est une petite nation, c'est petit par la taille mais il y a beaucoup de moyens, le sport fait partie des axes majeurs de développement de ce pays, le gouvernement est présent, ça tourne bien. Ils sont sur le côté espagnol sur différentes compétitions, l'équipe de basket est en première division espagnole, l'équipe de foot va tenter d'intégrer la Liga B, le président de la fédération de football c'est Piqué … franchement il y a de jolis moyens.

Des stages collectifs avec d'autres équipes sont-ils prévus ? Dans le Gers, à Auch ?

Au RCA je ne vois pas ce que je ferais vu qu'ils m'ont foutu dehors. Je suis du côté de Lombez, donc oui s'il y a des stages à faire du côté de Lombez pas de souci, mais c'est quand même bien dissocié. Moi c'est une fédération et une nation, s'il y a des stages en commun à organiser ça sera plutôt avec la FFR, les contacts qu'on a avec le Portugal et l'Espagne. L'objectif ça va être ça. Après on ne joue pas dans la même catégorie non plus donc ça sera très compliqué de faire des oppositions avec l'équipe de France qui est en haut du tableau, on n'est pas du tout dans la même catégorie. S'il y a des stages à faire c'est plutôt avec des équipes jeunes où il y a moins de différence de niveau.

Quel est le programme des prochains mois ?

Il y a un premier tournoi, le Howard Hinton 7s à Tours, qui est assez relevé, intéressant au niveau des filles. Ensuite deux autres, à Budapest et en Hongrie je crois (NDLR : ces deux tournois comptant pour la deuxième division européenne du rugby à 7 auront lieu à Budapest puis à Zagreb).

Les premiers objectifs ?

L'objectif ça va être de remettre en place le très bon travail fait l'année dernière par l'ancien staff. Voir les joueuses qui souhaitent faire partie de l'aventure, parce que ça reste comme en France au niveau du sport féminin, elles sont pluri-actives. Il y a plein de choses à concilier entre la vie professionnelle, la vie personnelle et la vie sportive donc il faut jongler avec tout ça. Essayer d'avoir un groupe homogène pour pallier différentes déféctions.

C'est la première fois que vous entrainez une équipe féminine ?

Oui.

Des adaptations sont à prévoir.

Ca nécessite une adaptation parce qu'on ne peut pas entrer dans un vestiaire comme on rentre dans un vestiaire masculin. Il faut que ça soit bien organisé, je suis un homme, elles des femmes. J'ai déjà fait plusieurs prises de contact, c'est un public très différent, il me tarde de croquer cette aventure à pleines dents. C'est hyper enthousiaste, hyper volontaire, ça se pose beaucoup moins de questions que les garçons, c'est plus en action. Il faut leur proposer du contenu intéressant sinon on a vite des retours comme quoi ça ne l'est pas, il y a une belle analyse aussi. Et après ça va se jouer sur d'autres qualités qu'on ne retrouve pas chez les garçons comme l'impact physique et plein d'autres choses à développer autour.

De manière plus générale sur le 7, quel est votre avis sur l'engouement autour de la discipline ?

En France c'est surtout l'effet Dupont. Moi je lui tire mon chapeau, il prend des risques, enfin c'est calculé, mais il montre la voie à quelques chose qu'on attendait depuis plus de vingt ans, que des joueurs majeurs du XV de France viennent renforcer ce rugby à 7. Ca donne un éclairage pour le grand public, des gens s'y intéressent. Après j'ai été au début du mois d'avril appelé par la fédération pour caster les 100 meilleurs français U16-17 et je vois qu'on a maintenant une grosse culture chez les jeunes.

Une formation à 7 plus précoce ?

On en fait de plus en plus tôt, avec des staffs de plus en plus adaptés, connaisseurs, passionnés aussi. Ca fait des années de mon côté et d'autres qu'on bataille en disant que le rugby à 7 n'est pas quelque chose qui va discréditer le XV mais va être un accélérateur de formation pour les joueurs.

Quelle comparaison avec votre époque en tant que joueur ?

Rien n'est comparable. Quand on gagne au tournoi de Paris (en 2005), il faut savoir qu'on avait fait un quart à Hong-Kong en Coupe du Monde avant. Dans l'équipe néo-zélandaise, pour ne citer qu'eux, il y avait (Chris) Masoe, Joe Rokocoko, des joueurs qui explosé après avec les Néo-Zélandais (à XV). Nous on a du retard par rapport à ça mais les nations du sud ont compris que c'était un développement de joueurs, dès le plus jeune âge. J'ai le souvenir de Jonah Lomu ou même Ma'a Nonu qui ont passé trois-quatre ans facilement sur le circuit mondial et après sont devenus des centurions avec la Nouvelle-Zélande, ont été meilleurs joueurs. Kolbe est passé par le 7, plein d'Argentins sont passés par le 7.

Et par rapport à la préparation, quand nous on y était, on n'avait pas de datas, de GPS, pas de staff comme ça, on n'était pas pro, c'était le début. Maintenant c'est des Formules 1, ils ont les données en temps réel, ils savent combien le joueur à couru à haute-intensité. Ils ont tout, tout, tout. C'est de la Formule 1 sincèrement.

Un terme souvent employé par le sélectionneur des Bleus, Jérome Daret.

Parce que c'est vraiment un connaisseur qui sait de quoi il parle. Il a très bien géré l'intégration de Antoine Dupont.

Peut-on imaginer plus de cas du genre, de voir la France suivre le chemin des nations du Sud ?

Ca ne sera jamais le cas, je le dis sincèrement. Le XV est très rémunérateur au niveau financier. Quand tu poses une question aux jeunes : ''tu préfères être professionnel à XV ou à 7 ?'', beaucoup plus vont te dire à XV, parce que c'est plus médiatique et rémunérateur. C'est une culture qui est comme ça.

Un pronostic pour ces Jeux Olympiques ?

C'est la bonne question. A 7 on ne sait jamais, ça peut aller très vite. Il y a des nations qui peuvent dominer mais sur le moment de la compétition c'est tellement extrême tu as l'enchainement des matchs, la fatigue …

V.M

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