Nationale 2 : nouveaux départs, nouveaux objectifs pour les clubs du Sud-Ouest

02 septembre 2025 - 15:47

A quelques jours de leur rentrée des classes, les clubs de Nationale 2 terminent leur préparation, entre arrivée des derniers joueurs et fignolage physique et tactique. Au vu du programme de la saison, riche en déplacements longue durée, Lannemezan, Auch et Fleurance ont tout intérêt à démarrer du bon pied. Avec des attentes finales qui, elles, diffèrent franchement.

Lannemezan : se maintenir en jouant sur le local

Sauvé par le couperet d'une Nationale 2 qui angoisse plus qu'elle ne fait rêver, le CA Lannemezan a vu revenir comme un boomerang les raisons de son sauvetage administratif. S'annonce une saison à rallonge kilométrique avec des déplacements coûteux sur le pré, pour des joueurs désormais tous pluri-actifs, et pour les finances du club pyrénéen. « Ce sont des voyages qui vont malheureusement nous impacter au niveau physique et ce qui m'inquiète le plus, c'est l'hiver » explique Hervé Jacomet, l'un des deux co-présidents du CAL. « On joue le 28 février à Villeurbanne, et le samedi suivant on joue à Genève. Sur l'A9 classé rouge ou noir pendant les vacances scolaires dans la vallée du Rhône ... » grimace cet ambulancier qui forme depuis peu le duo présidentiel avec Patrice Caubet.

Côté jeu, le club a fait le pari de se recentrer sur le savoir-faire maison. C'est simple, sur les seize recrues du club, treize sont issues de l'ancien comité Armagnac-Bigorre, de Tarbes à Trie-sur-Baïse en passant par Mauvezin. L'exception se trouve aux postes de pilier droit et seconde ligne, « il n'y en a plus en France, on le voit en Top 14 ou en ProD2 » explique Hervé Jacomet. Le club du plateau s'est donc adjoint les renforts notables du Camerounais Thierry Kounga Kuaté, passé par l'Afrique du Sud et l'Australie, et du Géorgien Luka Tchelidze et ses treize feuilles de match de Top 14 sous le maillot de Toulon. Sur le banc aussi les déplacements ont été réduits à la portion congrue, celle de la D929 qui relie Lannemezan à Saint-Lary, le chemin le plus long effectué par Jean-Philippe Delarue, nouvel entraineur des avants du CAL.

Un recentrage autour du local avec des anciens nécessaire à la pérennité du club lannemezanais. Une manière de recréer un engouement qui risque de manquer à François-Sarrat lors de la réception des gros morceaux bourguignons ou savoyards, et qui fondra comme neige au soleil en déplacement loin des pics pyrénéens. Un potentiel manque à gagner, en euros et en décibels, pour lequel le CAL tente, une nouvelle fois, d'activer la fibre locale, à l'instar de cette opération conjointe avec le Stade Bagnérais – qui a pour sa part refusé la montée en Nationale 2. Les abonnés noir-et-blanc pourront ainsi assister aux rencontres du CAL à la maison lorsque Bagnères jouera à l'extérieur durant le dernier trimestre, et inversement pour les rouge-et-blanc, « pour essayer de combler le manque » déplore Hervé Jacomet.

Fleurance : s'accrocher et y croire

Revenu sur le banc de l'AS Fleurance en plein mois de février, Mickaël Carré a su reprendre le rythme – qu'il n'avait pas perdu bien longtemps – pour maintenir le club lomagnol au terme d'une saison compliquée. L'ancien finaliste de la Coupe d'Europe avec Colomiers refuse l'étiquette de « sauveur » et pointe plutôt le « coup de boost » apporté à un groupe « touché mentalement » qui finira à l'arrivée à une 11ème place sans éclat. Reparti pour un tour et à 0, l'entraineur fleurantin ne cache pas les ambitions mesurées mais bien réelles du club à l'aube de ce quatrième exercice de Nationale 2 : « aller chercher un milieu de tableau le plus longtemps possible et sur les derniers matchs essayer d'accrocher une qualification ». En somme se tenir à distance de la « zone rouge » qui a trop collé aux bleu-et-blanc l'an passé.

Pour y parvenir l'effectif fleurantin a connu un peu de changement à l'intersaison avec onze arrivées dont la signature peu commune du deuxième-ligne ghanéen Lukman Yaya en provencance des … rives de Baltique et du Lechia Gdaṅsk. Un international namibien a aussi pris la tangente depuis le nord – Limoges en l'occurrence – en la personne d'André van der Bergh, demi d'ouverture des Welwitschias, de retour tardif en début de semaine après un problème de visa. Il sera epaulé en 10 par un ancien qui remet le couvert sous les ordres de Mickaël Carré après l'avoir côtoyé sur le banc. Nicolas Dupouy, 36 ans, qui avec Mathieu Lamoulie et ses 34 printemps fera figure d'ancien des lignes arrières de l'ASF, et dont la préparation physique effectuée dès le début de l'été avec le groupe permettra d'être « mieux physiquement que ce qu'ils pouvaient être l'année dernière » glisse dans un sourire Mickaël Carré.

Un groupe etoffé qui ne sera pas de trop pour multiplier les déplacements au cœur de la saison, et qui a intérêt à démarrer septembre pied au plancher au vu du calendrier. « Sur les quatre premiers matchs on reçoit trois fois. Le calendrier est fait ainsi, je n'aurais peut-être pas préféré mais c'est comme ça » regrette le coach fleurantin. « On a aucun match pour se mettre en route, il faudra être prêts dès le 6 contre Vienne qui est peut-être le favori de la poule avec Auch ». Auch contre lequel Fleurance a pu se tester en fin de préparation sur la pelouse de Jacques-Fouroux, avec à l'arrivée une défaite 31 à 19 dessinée après l'heure de jeu et deux jaunes fatals. « A partir du moment où on a été treize on a pris des vagues, mais l'investissement et l'état d'esprit de l'équipe a été irréprochable » se réjouit Mickaël Carré, satisfait de la défense, moins de l'attaque « où on a été un peu trop restrictifs. Ce sont des choses à modifier rapidement ».

Auch : un groupe « au moins aussi fort » pour viser les phases finales

Une page s'est tournée à l'intersaison avec le retrait de Greg Menkarksa du poste de manager du RCA. Celui qui avait été de toutes les campagnes de club depuis sa création gravitera toujours autour de la mêlée auscitaine, mais il a laissé le gouvernail à son ancien adjoint, Fréderic Pujo. « C'est un peu plus de responsabilités pour moi, c'est évident » reconnaît le nouveau manager, « pour l'instant tout va bien mais ce sont les résultats qui vont faire qu'on valide le travail, ou pas ». Pour la touche Jorrick Dastugue a fait son arrivée depuis la Save et l'Isle-Jourdain, en emportant dans ses valises le septiste et serial marqueur de Fédérale 1, Aurélien Chaumont. « En termes de quantité de joueurs on est à +2 par rapport à la saison dernière, dû à ces longs déplacements. On veut prioriser des roulements pour garder de la fraîcheur physique et mentale ». Et en termes de qualité ? « Le groupe est au moins aussi fort » juge le nouveau manager.

Une équipe sûre de ses qualités, dans la continuité de la saison précédente achevée à Orléans en quart de finale (15-6), et qui s'appuiera sur le savoir-faire offensif impulsé, notamment, par le nouveau manager. « Je ne vois pas pourquoi on changerait [notre système] puisqu'on a fini meilleure attaque de la Nationale 2 » lâche Fred Pujo. « On a aussi essayé de faire un recrutement qui nous permette d'avoir une équipe qui se déplace un peu plus, pour être plus performant défensivement ». Le rendu des deux côtés du terrain sur les deux matchs préparatoires (Valence-d'Agen et Fleurance) a en tout cas satisfait le staff et sans doute suscité une dose d'enthousiasme bienvenue dans les travées du Moulias. Une antre de Fouroux qui aura bien besoin de proposer « une grande fête à chaque match, pous nous aider à être le plus performant possible à domicile » prévient le coach auscitain.

Car contrairement à ses homologues fleurantins et lannemezanais, le calendrier du RCA en septembre n'est en tout cas pas des plus favorables. Les rives du lac Léman en guise de mise-en-bouche avant la réception de La Seyne-sur-Mer et un nouveau voyage à Aubenas pour finir, le tout avant de repartir sur un nouveau bloc en déplacement en banlieue lyonnaise, de quoi donner le mal des transports. Peut-être la rançon de la gloire pour une équipe qui évite soigneusement de se draper du statut de favori, sans cacher ses ambitions. « L'objectif premier c'est évidemment la qualification » confirme sans ambages Fred Pujo. Mais du papier de présaison aux classement de fin, « l'usure des déplacements » aura le temps de faire son effet, que le manager auscitain ne peut évidemment pas contrôler. A cet égard le bloc initial donnera la température avant de défier Nîmes puis Vienne (à l'extérieur le 18 octobre et à domicile le 26), deux clubs aux « effectifs taillés pour jouer le haut de tableau ».

V.M

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