Gers : coups d'épaule, paillettes et inclusion, le roller-derby s'invite à Fleurance dimanche

Le Tournoisol, premier événement d'ampleur autour du roller-derby dans le Gers, est organisé dimanche à l'espace culturel et sportif de Fleurance. En plus des Brutales Rurales, l'équipe locale née en 2021, des patineuses de Toulouse ou Bayonne viendront s'affronter en Lomagne, pour le plus grand plaisir des fans de roller-derby ou des béotiens.

Coup de coude, corde-à-linge et voilà la patineuse les huit roues en l'air. Ca sent bon le pop-corn et la vieille VHS, ce roller-derby. Alors vrai tableau ou image d'Epinal ? En France, le roller-derby, pratique franchement américaine, a fait son petit bout de chemin des centres urbains jusqu'aux campagnes à grands coups de casque. A Fleurance, l'association Roller Derby Gers porte désormais les couleurs du département sur le track - au doux nom de Brutales Rurales.

Dans la plus pure tradition de la discipline, conçue dès sa création dans les années 30' et son heure de gloire au détour des seventies comme un show, l'équipe porte un nom de scène décalé. Pas d'équivoque ici comme l'explique Johanna, alias Johnny La Tornade (chaque joueuse est aussi affublée d'un nickname), « on a été une des premières équipes en milieu rural, en tout cas en Occitanie, et on a voulu donner ce marqueur dans notre nom, qu'on a décidé ensemble ». Une décision collégiale de bon ton dans une association toute jeune et qui se veut ouverte au plus grand nombre.

L'objectif : que l'attaquante passe les hanches des défenseuses

Loin de l'imaginaire collectif, le roller-derby français a pris ses distances avec la forme qu'il a pu revêtir outre-Atlantique à son apogée. De ce côté de l'océan pas de piste incurvée, mais un ovale plat, largement plus pratique à trouver ou à créer. Le jeu est aussi beaucoup moins axé sur les chevauchées folles du jammer, l'attaquant, et s'articule plus sur une sorte de mêlée spontanée permanente, ou chacun des packs tente d'empêcher le marqueur adverse de passer les hanches des quatre bloqueurs, l'objectif simple de la discipline. « C'est un sport qui est très physique, très cardio mais accessible techniquement, sur lequel on peut vite progresser. Parmi les personnes qui ont adhéré, très peu savaient patiner en arrivant. Ca fait trois ans qu'on a créé l'équipe, on accueille des nouvelles recrues chaque années et on quand même une progression physique et technique assez rapide » explique Johanna.

Sa coéquipière Juliette abonde :  c'est un sport ouvert à toute personne, il n'y a pas de profil attendu particulier. Les défenseuses ne doivent pas être grandes et agressives et la jammeuse svelte et agile ». Cette dernière, issue du rugby, cherchait autre chose, sans nécessairement être dépaysée à la découverte de ce sport très axé sur le contact. Ses coéquipières ne sont pas forcément toutes des transfuges, bien au contraire. « Il y a des personnes qui ont voulu commencer un sport, qui ont trouvé les Brutales Rurales et sont tombées dedans. D'autres ont voulu, je pense, connecter avec un groupe de femmes pour partager des choses. Il y a plusieurs façons de trouver le roller-derby et en général ça tombe bien ».

Paillettes, musique et niveau National dimanche

Plus qu'un lieu de contact physique agonistique, le track fait en réalité office de lieu d'échanges, au sens large, pour les pratiquantes à roulettes. Souvent appréhendé comme une discipline quasi-exclusivement féminine, le roller-derby se décline aussi au masculin, mais garde pour beaucoup, comme à Fleurance, une connotation féministe et inclusive. « C'est le socle du roller-derby en général, pour les personnes non-binaires, transgenres, les personnes porteuses de handicap » plaide Johanna.

C'est dans cette esprit d'accueil que les Brutales Rurales organisent leur premier Tournoisol, une journée dédiée au roller-derby à l'espace culturel et sportif de Fleurance, en présence de trois équipes venues de Toulouse, Bayonne et Léon. « C'est le premier événement d'une telle ampleur, un tournoi sur un format d'une journée avec un match de niveau Nationale 2 ». Deux matchs d'une heure sont au programme, dont un entre le Pin'Block toulousain et les Kontra'Bandista bayonnaises, un cran au-dessus de ce que le public fleurantin a jamais pu voir. Après plusieurs rencontres du « trophée Chocolatine », le championnat occitan auquel prennent part les Brutales, passage à la vitesse supérieure. Johnny La Tornade veut montrer que le roller-derby est plus qu'un sport : « l'objectif c'est de donner une visibilité de l'ambiance, de la communauté. Sur le track les joueuses sont pimpées, il y a de la paillette, de la musique, un speaker qui commente de manière rocambolesque. C'est plus qu'un sport, ce sont des valeurs et un univers festif ».

CP : Isabelle Souriment

V.M