Gers : fermée depuis plusieurs mois, la pharmacie de Puycasquier rouvre dans le cadre d'une expérimentation nationale

Fermée depuis fin janvier faute de repreneur, la pharmacie de Puycasquier a rouvert ses portes en début de semaine. Sous un format inédit comme "antenne de pharmacie" dans le cadre d'une expérimentation nationale. 

La croix verte scintille à nouveau depuis le début de la semaine sur la route principale de Puycasquier. Un véritable événement dans cette bourgade du Grand Auch Coeur de Gascogne, où la pharmacie avait dû fermer ses portes le 31 janvier, faute de repreneur. Une fermeture qui avait suscité un profond émoi parmi les 500 habitants, ainsi que dans les nombreuses communes alentour qui fréquentaient régulièrement l’officine.

Pendant plusieurs mois, les habitants ont été contraints de parcourir des nombreux kilomètres, jusqu’à Fleurance, Auch ou Mauvezin, pour se procurer leurs médicaments. L’espoir est finalement venu d’une expérimentation nationale lancée par le Ministère de la santé : le déploiement d’« antennes de pharmacie ». Un dispositif visant à garantir un accès minimal aux services pharmaceutiques dans des territoires ruraux dépourvus d’officine, en créant des antennes rattachées à une pharmacie existante.

La commune de Puycasquier a saisi cette opportunité, et son projet a été validé par l’Agence Régionale de Santé d'Occitanie, pour le plus grand bonheur de son maire, Louis Turchi : 

« C’est un très grand soulagement. Nous avons une population très âgée qui a besoin de cette pharmacie. C’est en quelque sorte comme un service public. Les habitants attendaient vraiment cette réouverture avec beaucoup d’impatience et de plaisir. »

Une expérimentation encore rare

Puycasquier fait partie des toutes premières communes de France à expérimenter ce nouveau dispositif. Si d'autres antennes doivent ouvrir dans les mois à venir dans d'autres régions, le projet est inédit localement :

« C’est le deuxième cas d’expérimentation en France, le premier étant en Corse. C’est une solution bienvenue pour des communes rurales comme la nôtre. Dans le village, nous avons encore la chance d’avoir un médecin. Or, un pharmacien sans médecin, ou un médecin sans pharmacien, c’est un peu délicat… Il fallait absolument conserver les deux », confie le maire de Puycasquier.

Le maire souligne également l’importance de cette réouverture pour la vie du village. Bien que la commune ne compte que 500 habitants, ce village gersois, entouré de plusieurs petites bourgades, se distingue par son dynamisme : une école, un commerce alimentaire, un coiffeur, une agence postale, un cabinet médical et un cabinet infirmier y sont implantés.

« Malgré notre petite taille, nous disposons d’un tissu de services conséquent. D’autant plus que nous sommes un peu comme un bourg-centre : avec une dizaine de petites communes à proximité qui viennent profiter des commerces et services dans notre commune, cela représente un bassin de vie de plus de 1 000 personnes. »

Un pharmacien originaire du village, acteur clé dans cette réouverture

Eric Milleret, pharmacien et habitant du village, a joué un rôle clé dans la réouverture de l’officine qu’il a lui-même fondée il y a 35 ans. Gérant d’une pharmacie à Auch, il a accepté d’y créer une antenne — la condition indispensable pour permettre le retour d’une officine dans le village.

« Ma motivation première, c’est déjà que c’est moi qui ai ouvert cette pharmacie il y a trente-cinq ans. En tant qu’habitant du village et ancien élu municipal, j’avais à cœur de préserver ce service de santé. Aujourd’hui, la pharmacie est le dernier bastion de la santé rurale. »

Il salue aussi la collaboration avec Franck Desbant, son successeur, avec qui il a mené un long combat pour empêcher la fermeture définitive de l'officine. "Faute de repreneur, la création d’une antenne était notre ultime recours", indique le pharmacien. 

Une réouverture les matins en semaine

Seul changement visible pour les clients avec cette "antenne de pharmacie" : les horaires d'ouvertures. La pharmacie n’est désormais ouverte que les matins en semaine. Une adaptation qui a poussé Franck Desbant, l'ancien gérant, qui souhaitait prendre du recul, à prolonger l’aventure, mais sous un autre statut :

« J’ai essayé de vendre car je souhaitais lever le pied et partir progressivement à la retraite. Mais quand Monsieur Milleret m’a proposé de rouvrir sous cette forme, je l’ai suivi, car c’était capital de garder cette pharmacie ouverte dans le village", indique le pharmacien de Puycasquier, désormais salarié à mi-temps.

Une réussite conditionnée au maintien d'un médecin dans la commune

Cette réouverture n’est toutefois pas définitive. L’expérimentation est programmée pour trois ans. Sa réussite dépendra en grande partie du maintien d’un médecin dans la commune. Le praticien actuellement en poste à la maison médicale doit partir à la retraite prochainement. Le maire, en lien avec l’ARS et le Conseil départemental, explore activement des pistes pour recruter un nouveau médecin. Avec désormais un atout de taille pour séduire des médecins : la présence d'une pharmacie, à seulement quelques mètres du cabinet médical. 

E.R